~ Sonorous editions ~

 
RUS /AZ / EN / DEU / SPAN

 

 

Azerbaijan composers>>>

 


Kàãà Karayev

3

Le compositeur a vivement contesté, et ce à plusieurs reprises, l’attitude qui pousse à ne chercher dans le folklore que sa valeur marchande.

«Allons, avouons que nous obtenons la musique traditionnelle azerbaïdjanaise assez facilement, disait-il. N’est-il pas temps de réfléchir et de se demander si la musique traditionnelle est vraiment inépuisable ou sises grandes richesses se trouvent à la surface ou à une telle profondeur, que nous ne pourrons jamais les atteindre».

A ce moment-là, ni la difficulté technique, ni la polyphonie expressive de l’art de Karaev, liées à l’intérêt du compositeur pour la vie, l’histoire et la culture des autres peuples, n’ont réussi à diminuer la substance nationale de la musique du maître.

Dans une de ses interviews, Karaev souligne: "Les traditions nationales se manifestent parfois inconsciemment. Je compose la musique sur des thèmes espagnols, bulgares, vietnamiens mais on me dit qu'elle garde l'empreinte de ma nationalité, de mes mains azerbaïdjanaises. Comment est-ce possible ? Je n'arrive pas à l’expliquer et d’ailleurs je n'y réfléchis pas".

Dans un autre propos, Karaev y revient en notant qu'il ne se met jamais au travail sans s'être posé par avance comme objectif d'être un compositeur azerbaïdjanais : "Le fait est que l'on appartient génétiquement à son peuple, remarque-t-il. On est lié à son histoire, sa nature, sa langue, on possède les traits de caractère de sa nation - tempérament, caractère ouvert ou, au contraire, renfermé, réservé, attachement à la contemplation lyrique ou bien à la réalité héroïque ...".

Il est impossible en parlant de Karaev, de ne pas admirer l'étendue de ses activités. Compositeur de génie, il réunissait en lui des qualités de pédagogue, de savant et de personnalité publique. Après la mort d’Uzeïr Hadjibeyov en 1948, Karaev préside pendant 30 ans l'Union des compositeurs d’Azerbaïdjan. De 1949 à 1953, il est recteur du Conservatoire d'État, il dirige la chaire de composition dans cet établissement musical, tout en étant un membre actif de l'Académie des sciences de la République.

Il vivait et créait avec une passion particulière, propre aux peintres de la Renaissance. Karaev montrait de l'intérêt pour plusieurs domaines, s’empressait d’essayer différents genres et styles de musique, essayait d’apporter son aide aux jeunes gens talentueux, aux créateurs de nouveaux groupes, en un mot, à tous "ceux qui professaient la vérité". "Si ce n'est pas moi ou toi qui brûles, si ce n'est pas nous qui brûlons, à qui appartient-il alors de disperser les ténèbres?" - ces vers du poète turc Nazim Hikmet traduisent le mieux les qualités de Karaev - créateur et personnalité.

Il convient d’admirer son ouverture d’esprit, la richesse de son monde spirituel. Le jazz et le folklore, l'archéologie et les sciences exactes, le cinéma, la photographie, les beaux-arts - tout ce qui est d'actualité dans la science et la culture mondiales - s'y accordent d'une manière naturelle. « L'intellect de Karaev est immense », dit le compositeur russe Rodion Chedrine. L'écrivain Imran Kassoumov admirait cette qualité chez son ami. Quel que soit le sujet abordé, on avait l'impression que "toute la civilisation lui était évidente, pas des renseignements encyclopédiques élémentaires, mais une connaissance profonde, une interprétation extrêmement originale - un cristallin dans l’oeil qui réfracte un rayon informationnel sous un angle tout à fait inattendu".

Le plus remarquable est que tout devenait immédiatement partie intégrante de lui-même, enrichissant infiniment son monde spirituel et, par conséquent, sa création qui était, selon le compositeur, "le moyen d'exprimer son attitude envers le monde".

Sa vie spirituelle riche et fort active, son vaste champ d'activité ont déterminé la variété de ses thèmes, genres, modèles et style. Le monde des personnages de Nizami et Nazim Hikmet, Abrahams et Boulgakov, Rostand et Samed Vourgoun l'attirait. Ces poètes et écrivains représentaient des traditions littéraires variées, et leurs sujets et personnages permettaient de nouveaux moyens d'expressivité, des nuances dans le style. Les couleurs vives et brillantes du ballet «Les chemins foudroyés » voisinent avec les traits graphiques réservés des gravures symphoniques de "Don Quichotte" ; le genre naturel de "la Rapsodie albane" avec la musique du quatuor à cordes, retenue dans l'esprit classique, le caractère émotionnel et pittoresque du poème lyrique symphonique pour violon "Leyli et Medjnoun". Cependant, malgré toute la diversité des personnages et des moyens de leur incarnation, ce sont surtout les sujets d'actualité qui attiraient l'attention de Karaev. "L'actualité  m'émeut vivement. Il est même probable que je ne serais pas devenu compositeur, si j'étais né plus tôt"- a-t-il avoué.

 


Pages:

 

 ©Copyright by Musigi Dunyasi